
Le blog de Graham
Acadomia: à propos de la communication, du dividende, de la chute du cours
Concernant la communication d’Acadomia, il est indéniable que quelquefois la direction a fait preuve de maladresse. C’était notamment le cas au sujet des litiges avec l’administration, tant au point vue fiscal qu’au point de vue juridique quant au mode de fonctionnement en tant que mandataire. C’est aujourd’hui le cas dans la façon d’évoquer la pression de la concurrence en Ile de France et les effets que cela a sur les marges. A force de lire et de relire les différents communiqués, je me suis rendu compte que tous les éléments essentiels toujours y étaient contenus, mais que la liaison des causes aux effets souvent manquait de netteté. Je me suis interrogé pourquoi. Finalement, je n’ai imaginé qu’une seule réponse qui m’ait pleinement satisfait. La rédaction des communiqués me semble faite directement par un des trois membres influents de la direction. L’aspect synthétique des communiqués où se trouve concentrer tout l’essentiel des informations me le fait concevoir. La connaissance précise qu’il a de la société le dessert en lui faisant paraître évident ce qui ne le serait pas pour un lecteur ordinaire. Ainsi pour nous l’évidence s’estompe et laisse place à des zones d’ombres irrésolues qui nous inquiètent. En outre, je suis conforté dans cette opinion par la raison qu’aux demandes de précision qu’adressent certains à la direction, celle-ci répond par des explicitations claires dans de bref délai. Cela suffit à me persuader. Peut-être penserez-vous néanmoins que l’information manque d’accessibilité. Il me souvient qu’une fois la direction s’est défendue en avouant la délicatesse de cet aspect et la nécessité de l’entourer d’une certaine discrétion. Les controverses qu’a suscitée Mlle Royal en sont une preuve. Il n’est pas raisonnable aujourd’hui de mettre de l’huile sur le feu. Mais j’en suis convaincu, cela ne suffit pas à vous rassurer. De par leur présence forte dans le capital, l’intérêt des membres de la direction est directement lié au sort du titre, donc à l’intérêt des actionnaires minoritaires. Je crois important de rappeler qu’Acadomia est coté sur un marché déréglementé qui sert surtout à adapter les sociétés aux règles de la communication financière et qui leurs sert aussi à récolter des fonds pour augmenter leur capital social. Si la volonté de la direction n’avait été que cette dernière solution, il y a bien longtemps qu’Acadomia limiterait ses communications aux seules obligations qu’impose la loi, ainsi que le font maintes sociétés cotées sur le marché libre, soit la publication au Balo de la date de la convocation de l’assemblée générale et de son ordre du jour. Ce n’est pas le cas. Aussi je me représente que l’effort de communication qui est fait vise un autre but : celui entretenir un échange avec la communauté financière. Je l’ai dit le marché libre, comme Alternext est un marché d’habituation aux règles du monde boursier. La direction s’y emploie, avec quelques maladresses certes, mais au moins elle le fait. Par extension, j’imagine que cette volonté n’est pas vaine. Un jour ou l’autre Acadomia sera transféré. Un jour ou l’autre Acadomia recourra à une augmentation de capital pour financer sa croissance externe et participer à la consolidation de ses marchés. Les conditions ne sont pas propices actuellement. Il suffirait d’un très bon exercice pour rendre ces conditions plus favorables. Acadomia, presque toujours, nous a habitué à d’excellents exercices et ce n’est pas la stabilité d’un seul résultat qui remettra en cause mon opinion à ce sujet. L’exercice fiscal d’une année ne permet pas d’amortir toutes les irrégularités d’occurrence systématiquement. L’exercice qui vient de s’écouler n’est pas représentatif de la croissance explosive d’Acadomia, tant dans son chiffre d’affaire que dans ses résultats. Le développement s’accélère et les résultats en rendent mal compte. Une croissance accélérée nécessairement présente des risques et n’est pas sans revers. Elle ne se s’auto réalise pas magiquement. Elle exige des coûts initiaux que l’exploitation amortira quelques années plus tard. L’ouverture des 18 agences l’an dernier en est un signe. Sur ce seul exercice, le nombre d’agences ouvertes correspond à celui cumulé des deux années précédentes. Il me semble que c’est plutôt un signe de santé.
La suppression du dividende l’an dernier, afin d’employer l’intégralité du bénéfice au financement de la croissance plutôt que d’en redistribuer une part aux actionnaires, a été à la fois largement mal comprise et mal accueillie. Face à ce mauvais accueil, persistant dans son choix premier, la direction a essayé, me semble-t-il, de la justifier par un autre moyen. C’est l’idée d’une augmentation de la liquidité du titre par la création des actions nouvelles. Cette explication me parait maladroite et contribue un peu à ajouter à la confusion qui entoure la société ». La suppression du dividende présente de nombreux avantages et se justifie par plusieurs raisons :
-la course à la taille, c'est-à-dire une stratégie active de provocation de la croissance organique par création et développement des agences (pour cette année : 11 agences Acadomia et de 7 agences Shiva), ceci afin de préserver l’avance sur la concurrence et d’investir le marché le premier pour l’accaparer. Cette stratégie est primordiale avant la consolidation du marché. Les possibilités de croissance externe après la consolidation seront à la fois plus rares et plus onéreuses. D’autre part, en augmentant sa couverture géographique, Acadomia accroît sa notoriété, ce qui sert ses affaires futures et ce qui rend plus séduisant la valeur des franchises commercialisées, qui elles-mêmes produiront des redevances futures. Cette stratégie, développée de façon optimale, nécessite toutes les ressources de l’exploitation. Elle contribue à provoquer les bénéfices futurs.
-la course à la taille afin de rentabiliser au mieux les importants frais publicitaires, particulièrement au plan national. Cela aura pour effet à l’avenir de faire réduire leur proportion dans le bénéfice d’exploitation et donc, contribuera à soutenir les marges.
-logique financière et patrimoniale : le rendement des capitaux propres excèdent 20%, ce qui signifie que tout accroissement de fonds propres, notamment grâce à la non distribution des dividendes produit un excès de résultat au rendement supérieur à 20% ! Ainsi, tant que le retour sur capitaux sera élevé, il sera judicieux de ne pas distribuer de dividende, et cela parce que le bénéfice suivant en sera accru à un taux bien supérieur à celui d’un placement sans risque.
Concernant les commentaires qu’aurait pu faire la direction pour rassurer le marché après la baisse du titre, je renvoie à un article que j’ai écrit et que je reproduis là :
Il n’appartient pas à la direction d’Acadomia d’expliquer l’évolution du titre de la société. Les variations d’un titre sont un facteur exogène à la vie même de l’entreprise.
Par contre, il appartient à la direction d’expliquer l’évolution des résultats de la société dont elle a la responsabilité, d’expliquer ses difficultés et les mesures prises. Ce qu’elle a fait en expliquant la stabilité du résultat par la concurrence accrue rencontrée en Ile de France. Elle a expliqué la stratégie prise pour contrer cette concurrence : la poursuite du développement intensif d’agences, l’effort toujours plus soutenu de publicité pour asseoir la notoriété des marques, etc.
Le voudrait-elle, la direction ne pourrait pas donner d’explication fiable de la chute du titre. Pourquoi ? Parce qu’elle n’est point responsable du fait de ceux qui vendent. C’est une décision qui ne dépend que des vendeurs et la direction n’y peut rien. Ainsi, tant que les membres de la direction n’agissent pas par eux-mêmes sur l’action en achetant ou en vendant des titres, on ne peut leur tenir rigueur de l’évolution du titre, fut-elle défavorable. Or quelle indication nous donnent les membres de la direction ? Outre le fait notoire qu’ils détiennent une part très importante du capital de la société, ce qui lie leur intérêt à l’évolution du titre, ils continuent à racheter les actions de la société. Cette indication devrait nous rassurer. Elle signifie la confiance de la direction en les perspectives de la société et l’idée que la société n’est peut-être pas si bien valorisée que cela. Or, je vous le demande : qui connaît mieux la vie et la valeur de la société sinon ceux qui la gèrent.
En conclusion, je reconnais ma complaisance envers la direction d’Acadomia. Je la justifie par la certitude que j’ai acquise de sa compétence et de son honnêteté. Celle-ci fonde ma confiance dans la stratégie entreprise et dans les perspectives qu’elle offre à moyen terme.
Graham
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