Monnaies numériques : celles qui vont exploser au cours de la décennie

Avec la sortie imminente du « yuan numérique » chinois, les monnaies numériques sont propulsées dans l’actualité économique et financière. Peuvent-elles réellement se démocratiser ? Et qu’en est-il des alternatives comme les cryptomonnaies ? On fait le tour du sujet pour essayer de déterminer quelles seront les monnaies numériques qui exploseront au cours de la décennie qui vient de s’ouvrir.

Les différents types de monnaie numérique à surveiller

Sous l’appellation « monnaie numérique » se cachent plusieurs actifs différents. La différence est surtout imputable au domaine : certaines sont en effet portées par des projets gouvernementaux, et d’autres sont créées de toutes pièces par des communautés de particuliers. Elles ont cependant toute la même caractéristique d’unité de compte, qui est censée représenter une valeur. Voici les principales catégories de monnaies numériques telles qu’on les connaît actuellement :

1. Bitcoin et cryptomonnaies : les devises « sauvages »

Les cryptomonnaies comme le Bitcoin (BTC) ou l’Ether (ETH) sont les plus médiatisées des nouvelles monnaies numériques, grâce à leurs variations de prix bien plus importantes que les actions du CAC40 par exemple. Leur particularité, c’est qu’elles viennent du secteur privé : c’est-à-dire qu’elles ne sont pas contrôlées ni produites par des Etats ou des banques. C’est leur principal intérêt selon leurs défenseurs.

On notera aussi l’émergence de « stablecoins ». Il s’agit de cryptomonnaies indexées sur le prix d’une monnaie fiat, ce qui réduit de facto le facteur de risque de volatilité. Le plus connu est Tether (USDT), dont la valeur est fixée sur un dollar (USD), et qui bénéficie actuellement d’une capitalisation de plus de 27 milliards de dollars. En 2020, le cours du Bitcoin a progressé de +321%, et le cours de l’Ether de +487%. Cela montre bien l’intérêt des particuliers et des institutionnels pour les monnaies entièrement intangibles.

2. Les monnaies numériques de banque centrale : la caution réglementée

Depuis 2019, la Chine avance dans son projet de monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Une MNBC est une reproduction entièrement numérique d’une devise, qui est émise par l’État. Pour l’instant, les initiatives de ce type ne sont qu’à l’état de projets, mais cela avance. En France, le ministre des Finances Bruno Le Maire a ainsi confirmé en 2019 être favorable à l’élaboration d’un e-euro.

Pour l’instant, le yuan numérique chinois est en phase de tests à l’échelle locale. Mais sa sortie imminente pourrait forcer les autres économies majeures à se doter d’une MNBC… Même si pour l’instant les États-Unis ne se lancent pas officiellement dans la course, selon les dires du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell.

Les MNBC ont deux avantages principaux : elles sont d’une part plus stables que les cryptomonnaies, et elles sont aussi a priori plus réglementées, ce qui favorise la confiance de potentiels utilisateurs.

3. Les monnaies locales : un impact limité ?

À l’échelle locale, des monnaies numériques existent déjà. C’est le cas en particulier en Corée du Sud, où les gouvernements régionaux ont autorisé la circulation de devises numériques qui facilitent l’accès aux services des différentes villes. Dans la province de Gyeonggi, il a même été question d’utiliser une monnaie numérique comme base du revenu universel.

Les monnaies locales se sont aussi logiquement développées dans les pays qui subissent une forte inflation ou une crise financière. Au Kenya, le « Sarafu » a ainsi été utilisé en tant que monnaie locale pour aider les habitants touchés par la crise financière. Et les initiatives se multiplient, à l’instar des monnaies locales disponibles en France.


Ce que cela veut dire pour les entreprises

La conséquence de cela, c’est bien sûr que les entreprises devront s’adapter, sous peine de voir une partie des capitaux de leurs clients leur filer entre les doigts. Déjà, la numérisation des paiements est en train de se propager. PayPal continue de brasser un chiffre d’affaires conséquent de 17 milliards de dollars, et des solutions de paiement mobile comme PayLib sont de plus en plus utilisées.

Dans le secteur des jeux vidéo, on assiste aussi à cette transformation : Steam avait ainsi temporairement autorisé les paiements en Bitcoin. Et dans le secteur de l’igaming, les casinos en ligne basés sur des devises autres que l’euro ou le dollar émergent. Un casino en ligne qui accepte PayPal aura par ailleurs un point d’accroche avec les monnaies numériques, car le géant des paiements a récemment dévoilé un portefeuille de cryptomonnaies pour ses clients. Les clients pourront donc miser sur les machines à sous ou le blackjack grâce à leur compte PayPal, qui contient lui-même différentes devises.

Certaines entreprises d’ampleur ont par ailleurs commencé à proposer leurs propres monnaies. Le géant JPMorgan a ainsi proposé son « JMP Coin » en octobre dernier. Pour les jeux vidéo, la frontière est plus mince. Le service des taxes américain avait ainsi qualifié la monnaie numérique du jeu MOBA multijoueur Fortnite de « devise »… Avant de se raviser quelques mois plus tard.


Des paiements exclusivement numériques dans le futur ?

Tout cela pointe vers une utilisation presque exclusive des monnaies numériques dans les années à venir. On le sait déjà, les espèces sont de moins en moins utilisées, même si elles représentent encore 68% des paiements en France. Mais les mentalités bougent : une étude de Tokenist révélait en juin 2020 que 47% des particuliers faisaient maintenant plus confiance au Bitcoin qu’aux banques.

Par ailleurs, l’hésitation des banques centrales est plus une affaire de communication qu’une réelle volonté de traîner les pieds. Selon une étude parue en janvier 2021, 86% des banques centrales travailleraient actuellement sur une monnaie numérique. Le futur sera donc résolument numérique pour les paiements, sur Internet et chez les commerçants « en dur ».I

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